CQFD (ou pas...)

Petite

En fait, Pascal et moi, on ne se connaît pas très bien. Ses pensées ont longtemps traîné dans ma bibliothèque et ses probabilités ont bien failli me faire rater mon bac. Mais nous nous sommes croisés souvent ces dernières années. Surtout en soirée. C'est curieux d'ailleurs comme ces intellectuels notoires, hermites pieux du Savoir et de la Connaissance, trouvent leur parole condamnée à errer pour les siècles des siècles entre les brèves d'un comptoir plus ou moins arrosé et les échanges polis des gens du Monde, celui où chacun sait mais peu connaît.

Pascal, je l'ai feuilleté, c'est certain. Je crois même que du haut de mon adolescence rageuse et égoïste, j'y ai puisé des vérités profondes qui n'ont parlé rien qu'à moi, seule à même de comprendre le propos de Blaise dans ce monde d'adultes ignares. Depuis, j'ai tout oublié. Enfin je crois. Peut-être qu'il m'en reste çà et là quelques bribes plus oumoins fidèles et que j'y fais appel dans un sursaut d'inconscience philosophique quand ma chienne de vie me déroute. Ceci dit ne vous méprenez pas, je ne suis pas une frustrée de la vie. D'ailleurs, j'adore les chiens. C'est juste que je préfère les chats.

Donc voilà, si je pense "Pascal" la seule et unique Pensée qui me vient à l'esprit est la plus galvaudée de toute "Le coeur a ses raisons... " Ceci étant, depuis que le web est web, terminée la suite logique de cette citation. Et nous voici désormais complètement skyzophrènes, à mesurer si notre interlocuteur ou trice attend de nous un hochement de tête poli et inspiré avec reprise à la volée et renvoi de la suite convenue de la citation ; où si, au contraire, toujours avec un hochement de tête poli et inspiré, nous poursuivons dans un murmure contemplatif : " Eh oui, le waqueteu est bien un animal aquatique nocturne..."

De l'intellectuel prétentieux à la sagesse populaire, il y a moins d'un pas tant nous faisons tous pareil : nous nous approprions la pensée de l'autre et nous la triturons jusqu'à ce qu'elle rentre de gré ou de force dans ce que l'on a voulu dire et faire dire. Ca donne de grands éclats de rire frondeurs et aussi, des choses qui font froid dans le dos. Parfois aussi - pour ne pas dire le plus souvent - ça sonne creux. Le tout est d'assumer son inculture et sa mauvaise foi en toute humanité.

Notre ami Blaise a revêtu la perruque de Brenda, et ça ne lui va pas si mal. Il a bon dos, il est vrai. Mais quand on choisit d'écrire ses pensées ou ses rêveries solitaires dans un sursaut de dictionnaire philosophique eh bien, on prend le risque que chacun en fasse ce qu'il en veut ! Et c'est l'acte le plus démocratique qui soit, en toute anarchie réflexive, bien sûr !

Les Pensées ne sont rien si on les garde pour soi. (mais des fois, il vaut mieux quand même...)

Cqfd (ou pas)